Le sable est une ressource essentielle dans la construction, omniprésente dans nos infrastructures modernes. Deuxième ressource naturelle la plus exploitée après l’eau, il joue un rôle central dans la […]
Rapport du GIEC : ce qu’il faut retenir
La prochaine décennie est déterminante sur la trajectoire du changement climatique que nous allons emprunter. Les perspectives de développement résilient seront fortement diminuées si les 1.5°C sont dépassés à court terme.
Qui est le GIEC ?
Le GIEC est un Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Le GIEC regroupe des centaines de scientifiques du monde entier, 195 pays sont membres du GIEC, soit la quasi-totalité du monde.
Créé en 1988, le GIEC évalue de manière objective et méthodique la question du changement du climat. Il a publié 5 rapports entre 1990 et 2014.
Le sixième rapport du GIEC est paru en août 2021 avec son premier volet. Le deuxième volet vient de paraitre, fin février 2022. La suite doit paraitre en mars.
Le sixieme rapport du giec – volume 1
La première partie du rapport montre que les changements environnementaux dépendent de nos émissions de gaz à effet de serre et que chaque tonne (CO2, méthane, oxyde nitreux) émise compte. Il est désormais incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres. Sans équivoque, il est établit que 100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines.
Le GIEC dessine 5 scénario comprenant 5 différentes trajectoires d’évènements climatiques extrêmes et des conséquences socio-économiques.
Scénario à +1,5°C : des sécheresses multipliées par 2,4 ; des températures majorées de 1,9°C ; des cyclones tropicaux intenses 10 fois plus fréquents ; hausse du niveau de la mer de 3 mètres.
Scénario à +3,2°C : des sécheresses multipliées par 3,1 ; des températures majorées de 2,6°C ; des cyclones tropicaux intenses 13 fois plus fréquents ; hausse du niveau de la mer de 6 mètres.
Scénario à +4°C : des sécheresses multipliées par 5,1 ; des températures majorées de 5,1°C ; des cyclones tropicaux intenses 30 fois plus fréquents ; hausse du niveau de la mer de 16 mètres.
Synthèse et analyse du nouveau rapport du GIEC par Thomas Wagner : Synthèse et analyse du nouveau rapport du GIEC (bonpote.com)
Le sixième rapport du GIEC – volume 2
Le résumé du 6e rapport volume 2 est disponible ici (en anglais) : Summary for Policymakers | Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability
269 autrices et auteurs ont compilé plus de 34.000 documents scientifiques dont nous faisons un état des lieux ci-dessous.
Les impacts du changement climatique
Le changement climatique est déjà présent aujourd’hui sur Terre. Des phénomènes météorologiques extrêmes se produisent chaque années, exposant ainsi des millions de personnes à de l’insécurité climatique.
Les impacts du changement climatique sont observés sur les différents écosystèmes dans le monde : à la fois sur les écosystèmes terrestre, des changements dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère (eau à l’état solide comme les glaciers) et la biosphère (organismes vivants).
Les impacts du changement climatique observés sur les systèmes humains :
- Pénurie d’eau : augmentation des impacts positifs et négatifs moyens
- Production agricole : augmentation des impacts négatifs moyens
- Santé des animaux : preuves insuffisantes
- Rendement de la pêche : augmentation des impacts négatifs moyens
- Maladie infectieuses : augmentation des impacts négatifs moyens
- Malnutrition : augmentation des impacts négatifs élevés
- Santé mentale : augmentation des impacts négatifs élevés
- Déplacements des personnes : augmentation des impacts négatifs élevés
- Inondations : augmentation des impacts négatifs élevés
- Tempêtes : augmentation des impacts négatifs élevés
On observe des effets négatifs généralisés pour la nature et les personnes. L’accroissement des évènements climatiques extrêmes entraine des effets allant au-delà de la capacité d’adaptation des systèmes naturels et humains.
Aujourd’hui, entre 3.3 et 3.6 milliards de personnes vivent dans des régions très vulnérables au changement climatique.
Le changement climatique entraîne déjà des pertes humaines, de biodiversité et d’infrastructures.
Évolution dans le temps du changement climatique
Les gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter depuis 2011, les terres et les océans en absorbent environ 56% chaque année.
Depuis 1850, chaque décennie passée était plus chaude que les précédentes. La surface terrestre est davantage concernée par ce réchauffement : +1.59°C sur la terre et +0.88°C au-dessus des océans, soit une moyenne de 1.09°C plus élevé sur la décennie 2011-2020 par rapport à la période 1850 et 1900.
Migration climatique
Depuis 2008, on dénombre en moyenne 20 millions de migrants climatiques chaque année. Ils migrent à l’intérieur de leurs pays selon les aléas climatiques : sécheresses, tempêtes tropicales, inondations.
Atténuer les impacts du réchauffement climatique
Avec le réchauffement climatique, chaque dixième de degré supplémentaire expose davantage de personnes et d’espèces à des conditions dangereuses.
Des actions effectuées à court terme permettent de limiter certains dommages, mais pas tous, certains impacts étant irréversibles (changements dans l’océan – acidification, désoxygénation –, calottes glaciaires, niveau mondial de la mer, dégel du pergélisol).
Un réchauffement mondial à +1.5°C entraine de nombreux risques pour les écosystèmes et les personnes (nous avons précisé ce scénario en début d’article).
Le GIEC affirme que le rythme du changement climatique dépend fortement des mesures d’adaptation mises en place, afin d’éviter ces risques.
Si les risques sont nombreux, ils peuvent aussi se combiner les uns avec les autres. On parle de « risques en cascade » lorsque les risques sont simultanés et interagissent pour aggraver la situation globale. Par exemple, en juin 2021, le Canada a vécu une canicule historique allant jusqu’à 49.6°C dans certains villages… s’en est suivi des gigantesques incendies.
Aujourd’hui, le GIEC fait état que de nombreuses initiatives priorisent la réduction des risques climatiques à court terme uniquement. Ce qui n’induit pas de transformation profonde qui permettrait d’améliorer l’adaptabilité.
Des solutions multisectorielles qui prennent en compte les inégalités sociales (réduisant la vulnérabilité des personnes) seront les solutions les plus efficaces.
Le GIEC affirme la nécessite d’atteindre :
- zéro émission nette de CO2
- de fortes réductions des émissions de méthane
La réduction rapide et soutenue des émissions de méthane limite l’effet de réchauffement et améliore la qualité de l’air.
Justice sociale : son rôle dans l’adaptation au changement climatique
La vulnérabilité des personnes s’exprime selon plusieurs aspects :
- Perte de terres
- Précarité économique
- Isolation sociale
- Malnutrition
- Difficultés d’accès aux soins
Les origines de la vulnérabilité sont politiques, économiques, sociales et héritées. Le GIEC établit que les individus souffrant d’exclusion, de discrimination, de privation d’accès aux ressources économiques auront moins de capacité d’adaptation.
Les zones géographiques les plus vulnérables actuellement sont l’Afrique dans l’ensemble de son continent, le Moyen-Orient, l’Amérique Centrale, l’Asie du sud-ouest, l’Océanie.
L’Europe est également mise en garde sur le vieillissement de sa population concernant l’accès aux soins et l’isolation sociale des personnes âgées.
Les inégalités existantes aujourd’hui vont être exacerbées par le changement climatique, créant alors des risques coûteux pour les personnes les plus vulnérables.
Le GIEC préconise des mesures d’adaptation flexibles et inclusives, qui présente des avantages pour un large spectre de secteurs et d’écosystèmes.
La France face au changement climatique
Si la France souffrira moins que d’autres régions d’Afrique ou d’Asie, elle ne sera pas épargnée pour autant. Les sécheresses, inondations, canicules et mégafeux vont s’accentuer. Touchant notamment les DOM TOM et la Méditerranée.
L’Afrique face au changement climatique
Le continent Africain est l’un de ceux qui a le moins contribué aux GES (émissions de gaz à effet de serre)… et c’est pourtant l’un des plus exposés au changement climatique.
Des défis importants sont attendus dans les 54 pays d’Afrique sur l’accès aux services de santé, la pauvreté extrême, la sécurité alimentaire, l’instabilité politique etc. La grande pauvreté met en exergue la très forte vulnérabilité du continent.
La résilience face au changement
Le changement climatique est déjà là. S’il ne s’agit plus de le combattre pour l’éviter… il convient de continuer à le combattre pour ne pas l’aggraver.
La résilience consiste à apprendre à résister aux changements traumatiques, afin de s’adapter pour trouver un nouvel équilibre. La résilience est la capacité à surmonter des éléments perturbateurs pour retrouver un état fonctionnel.
La résilience au changement climatique permet d’exploiter la combinaison d’adaptation et d’atténuation.
Le GIEC précise que le développement de la résilience se fera grâce à la coopération entre l’ensemble des personnes : gouvernements, société civile, organismes de formation, institutions scientifiques, médias, entreprises… en incluant les groupes habituellement marginalisés : les femmes, les jeunes, les autochtones et minorités ethniques.
Rejoignant la justice sociale évoquée ci-dessus, la résilience va contribuer à améliorer la santé, le bien-être et les écosystèmes (biodiversité) en incluant les personnes les plus vulnérables.
Le rapport du GIEC en infographie
8 chiffres clés à retenir
- 56% des gaz à effet de serre sont absorbés par les terres et les océans
- +1.09°C par rapport à 1900 (+1.59°C sur la terre et 0.88°C au-dessus des océans)
- La surface terrestre se réchauffe plus que la surface des océan (entre 1.4 et 1.7 fois plus)
- La concentration de CO2 dans l’atmosphère était la plus élevée en 2019 depuis au moins 2 millions d’années
- Été 2020, la surface de glace de mer dans l’Arctique a atteint son niveau le plus bas depuis au moins 1000 années.
- Le réchauffement des océans représente 91% du réchauffement du système climatique, le réchauffement des terres 5%, la fonte des glaces 3% et le réchauffement atmosphérique 1%.
- Entre 1971 et 2018 : l’élévation du niveau de la mer était dû à l’expansion thermique à hauteur de 50%, la fonte des glaciers et les calottes glaciaires étaient responsables de 22% et 20% respectivement de cette élévation. Cette proportion s’est inversée entre 2006 et 2018, ce sont désormais la fonte des glaciers et la perte de calottes glaciaires qui sont les principaux contributeurs de l’élévation du niveau de la mer.
- À l’échelle mondiale, les précipitations extrêmes vont s’intensifier de 7% pour chaque 1°C de réchauffement planétaire.
Les 3 termes clés à retenir du rapport du GIEC
- Justice sociale : certaines populations sont plus vulnérables que d’autres face au changement climatique. L’action collective doit inclure toutes les populations pour être efficace.
- Résilience : il est nécessaire de s’adapter dès aujourd’hui car de nombreux effets négatifs du changement climatique ne sont pas irréversibles. Pour les impacts encore réversibles, il est nécessaire de développer des actions efficaces.
- À court terme : le GIEC précise que l’ampleur du changement climatique dépend fortement des actions d’atténuation mises en place à court terme. Sans ces actions, il nous deviendra impossible de s’adapter.
À ce jour, la santé humaine, la sécurité alimentaire, l’économie et les migrations sont fortement impactés.
En restant sous la barre des +1.5°C : l’humanité peut trouver des solutions pour s’adapter. Cela réduirait considérablement les pertes et les dommages, précise le GIEC. Un réchauffement supérieur rendrait l’adaptation quasiment impossible dans nos sociétés.