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L’architecture et la biodiversité, deux mondes autrefois éloignés, convergent aujourd’hui dans une perspective de durabilité et de préservation de la planète. La biodiversité, qui regroupe toutes les formes de vie et leurs interactions au sein des écosystèmes, trouve de plus en plus sa place dans les pratiques architecturales.

 

Qu’est-ce que la biodiversité ? Définition

La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants et des écosystèmes sur Terre.

 

La biodiversité comprend l’ensemble du tissu vivant de la planète, à savoir :

  • l’ensemble des milieux naturels et des formes de vies : plantes, animaux, champignons, bactéries etc.
  • toutes les relations et interactions : entre les organismes vivants ainsi que entre les organismes et leurs milieux de vie

biodiversité, marais avec oiseaux

 

3 niveaux de biodiversité :

  1. les habitats : zones humides, forêts tropicales, récifs coralliens, zones urbaines
  2. les espèces : diversité des espèces, leurs relations les unes avec les autres (prédation, coopération…) et avec leurs milieux de vie
  3. la diversité génétique : diversité des individus au sein de chaque espèce

Bien que l’architecture ne se soit pas traditionnellement préoccupée de ces questions, certains architectes ont déjà comblé cette lacune et cherchent à influencer les pratiques.

 

 

 

Lien entre la biodiversité et l’architecture

La nature nous influence et constitue la base de la plupart de nos aliments, médicaments, fibres, matériaux de construction, eau douce et même énergie. En liant le changement climatique et la biodiversité, on ouvre une nouvelle voie pour l’architecture – une voie promettant plus de richesse et de beauté que les bâtiments simplement destinés à réduire leur empreinte carbone.

L’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité mondiale est le développement immobilier : les projets d’infrastructure et de logement de masse prennent généralement peu en compte les liens entre la biodiversité et le bien-être humain.

La biodiversité, la qualité de vie et le réchauffement climatique sont directement liés. Les architectes ont un rôle essentiel à jouer, en complément de leurs actions visant à réduire la consommation d’énergie.

Nous tendons vers une compréhension plus riche de la durabilité, où les toits verts, les façades végétalisées et les matériaux de construction issus de déchets recyclés ou de cultures biologiques ne sont plus seulement des symboles, mais des tentatives sérieuses d’intégrer la diversité écologique.

Intégrer la nature et l’architecture dans les bâtiments est loin d’être simple. En plus des coûts d’entretien évidents, une façade vivante peut obstruer la lumière naturelle à travers les fenêtres (augmentant ainsi l’utilisation d’énergie). La nature est dynamique, tandis que l’architecture est statique.

moineau en ville

 

Influence de l’architecture sur la biodiversité

Les architectes influencent la biodiversité de cinq manières principales :

  1. Choix des matériaux et leur cycle de vie
    Les matériaux utilisés dans la construction, de leur source à leur élimination, ont des conséquences directes sur la biodiversité. Le béton, par exemple, peut causer la destruction d’habitats naturels lors de l’extraction des matières premières, tandis que le bois certifié PEFC ou recyclé soutient une approche durable. La gestion des déchets de construction, qui peut parfois polluer les sols et les eaux, joue également un rôle dans la protection de la biodiversité.
  2. Conception et aménagement des bâtiments
    Les décisions sur les éléments tels que les façades, les murs, les balcons ou encore les toitures végétalisées peuvent transformer un bâtiment en un refuge pour diverses espèces. Par exemple, les toits verts, les murs végétaux ou les nichoirs intégrés (comme ceux que Lutyens imaginait) permettent de créer des habitats pour les oiseaux, les chauves-souris et les insectes, aidant ainsi à maintenir une biodiversité urbaine.
  3. Gestion de l’eau et systèmes écologiques
    L’eau est un élément clé pour la biodiversité. Les bâtiments peuvent inclure des systèmes de gestion des eaux pluviales comme les systèmes de drainage urbain durable (SUDS) qui contrôlent les écoulements d’eau et préservent la qualité des cours d’eau locaux. En réutilisant les eaux grises ou en créant des bassins de rétention, l’architecture peut soutenir les écosystèmes aquatiques et les zones humides urbaines.
  4. Protection et réhabilitation des habitats naturels
    La conservation de la biodiversité implique souvent de préserver et restaurer des habitats existants. Les projets de réhabilitation de friches industrielles, par exemple, permettent de créer de nouveaux espaces verts, connectés aux écosystèmes environnants. L’implantation de corridors écologiques permet aux espèces de se déplacer et de migrer en toute sécurité, surtout en milieu urbain.
  5. Impacts indirects sur les écosystèmes
    Les bâtiments influencent également la biodiversité à travers des effets secondaires tels que la pollution lumineuse, la pollution sonore et l’émission de particules fines, qui affectent les espèces locales. Les surfaces réfléchissantes et les sources lumineuses mal contrôlées peuvent désorienter les oiseaux et perturber la faune nocturne, tandis que des toits réfléchissants et une isolation adéquate contribuent à limiter l’effet d’îlot de chaleur urbain, favorisant ainsi des conditions de vie plus viables pour les espèces urbaines.

 

Exemples d’architecture liées à la biodiversité

La production de miel de l’Opéra de Paris

Les abeilles constituent un bon indicateur de la biodiversité et une source de préoccupation mondiale actuelle. Par exemple, la colonie d’abeilles sur le toit de l’Opéra de Paris produit presque 500 kg de miel par an.

Bien que la pollution atmosphérique soit plus importante en ville qu’en milieu rural, il y a moins de pesticides, ce qui permet aux abeilles urbaines de surpasser leurs cousines des campagnes.

La végétalisation urbaine peut potentiellement générer une grande richesse écologique et offrir une robustesse biologique et une beauté qui manquent dans les paysages agricoles.

 

ruche en entreprise

Le Bois des Moutiers, résidence normande

L’architecte Edwin Lutyens a mis en œuvre plusieurs de ses idées novatrices dans la conception de cette résidence.

Le Bois des Moutiers, avec sa façade en pierre et ses toits en pente, comprend des espaces spécialement conçus pour accueillir des oiseaux et des chauves-souris, souvent nichés dans des coins de toiture ou dans des structures sur les pignons.

Edwin Lutyens a habilement intégré des cavités et des recoins dans le toit et les pignons des bâtiments.

 
Le bois des moutiers, biodiversité et architecture
 

 

En intégrant la biodiversité dans leurs pratiques, les architectes jouent un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes et l’amélioration de la qualité de vie en milieu urbain. Des toits végétalisés aux matériaux durables, chaque choix contribue à un environnement où la nature et l’architecture cohabitent harmonieusement. Cette approche durable offre une nouvelle perspective sur l’architecture, enrichissant non seulement les paysages urbains, mais aussi le patrimoine écologique pour les générations futures.